Le monde de la céramique de collection connaît en 2025 un engouement sans précédent, porté par une nouvelle génération d’amateurs qui redécouvre le charme et la valeur de ces pièces d’art domestique. Entre tradition et modernité, certaines signatures font l’objet d’une quête passionnée dans les allées des brocantes et vide-greniers de l’Hexagone. À travers les différentes époques et styles, des manufactures historiques aux ateliers contemporains, les tendances du marché de la céramique évoluent et surprennent même les chineurs les plus aguerris. Les cotes s’envolent pour certaines pièces tandis que d’autres signatures, encore méconnues il y a quelques années, s’imposent désormais comme des valeurs sûres. Que vous soyez collectionneur chevronné ou simple amateur en quête de belles trouvailles, cet état des lieux des marques les plus prisées en 2025 vous guidera pour repérer les pièces qui méritent votre attention au détour d’un stand de brocante ou d’une boutique d’antiquités.
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ToggleLes grandes manufactures françaises: l’éternel prestige
Les manufactures historiques françaises conservent une aura particulière et leurs créations continuent d’occuper le sommet des cotes sur le marché de la céramique ancienne.
La Manufacture Nationale de Sèvres reste la référence absolue en matière de porcelaine française, son prestige n’ayant jamais faibli depuis sa fondation en 1740. Les pièces marquées du double L entrelacé, surtout celles du XVIIIe siècle, atteignent des sommets lors des ventes aux enchères, avec des prix qui dépassent régulièrement les 5000€ pour des pièces exceptionnelles. La production moderne de Sèvres connaît également un regain d’intérêt, notamment les collaborations avec des artistes contemporains des années 1950-1970, comme celle avec Serge Poliakoff dont les assiettes se négocient entre 800 et 1500€ pièce. Les services de table complets représentent les lots les plus recherchés, leur rareté augmentant chaque année face à la dispersion des ensembles.
La Faïence de Gien, avec ses décors inspirés de la Renaissance italienne et ses motifs caractéristiques, voit sa cote progresser de manière constante. Les séries limitées anciennes, notamment la collection « Châteaux de la Loire » des années 1930, sont particulièrement prisées, avec des assiettes individuelles pouvant atteindre 200 à 300€ en parfait état. Les pièces signées par des artistes comme Maurice Gensoli ou Albert Pommier pour Gien dans les années 1940-1950 connaissent une valorisation spectaculaire, ayant doublé leur estimation en cinq ans. La maison ayant su maintenir une production de qualité tout en renouvelant ses créations, même les pièces récentes de collection limitée comme la série « Années Folles » conservent une valeur marchande intéressante.
COUP DE PROJECTEUR
Les services de table Haviland Limoges des années 1925-1935 au décor Art Déco ont vu leur cote augmenter entre 2015 et 2025!
La porcelaine de Limoges conserve sa place de choix avec des manufactures comme Haviland dont les services Art Déco des années 1920-1930 atteignent des prix records. Les collaborations avec des artistes comme Jean Cocteau ou Suzanne Lalique pour Haviland sont devenues des pièces de collection majeures, avec des assiettes pouvant se négocier entre 400 et 800€ selon leur rareté. Les services Bernardaud anciens connaissent également une forte appréciation, particulièrement les séries limitées comme « Auteuil » ou « Les Années Folles » dont la valeur a progressé de 25% en trois ans. Le marché distingue avec une précision croissante les différentes manufactures limougeaudes, les marques Raynaud et Lafarge voyant leur cote monter en flèche pour les productions antérieures à 1940.

Source : Antiquités Alain le Berre
La Faïence de Quimper bénéficie d’un regain d’intérêt, notamment pour les pièces des manufactures historiques comme HB, Henriot ou Porquier. Les décors traditionnels aux « petits bretons » conservent leur attrait, mais ce sont désormais les créations plus rares des années 1925-1940, notamment les pièces Art Déco signées Micheau-Vernez ou René Beauclair, qui s’arrachent entre collectionneurs avertis. Une simple assiette de cette période peut désormais se négocier entre 150 et 400€ selon l’état et la rareté du décor. Les grandes pièces décoratives comme les vases, jardinières ou statuettes connaissent une inflation particulière, avec des exemplaires exceptionnels qui peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros.
Les céramiques d’artistes du XXe siècle: la flamblée des cotes
Le marché de la céramique d’artistes du XXe siècle connaît une véritable révolution, avec des pièces autrefois négligées qui atteignent désormais des sommes spectaculaires.
Les créations de Picasso pour Madoura représentent le segment le plus explosif du marché. Ces céramiques, produites à Vallauris entre 1947 et 1971, atteignent des sommets vertigineux, une simple assiette signée et numérotée se négociant rarement en-dessous de 5000€, tandis que les pièces uniques peuvent dépasser le million d’euros en vente publique. Les éditions originales limitées à 25 exemplaires comme la « Chouette » ou le « Visage de femme » ont vu leur valeur tripler en une décennie. Fait marquant de 2025, même les pièces d’édition plus large (100 à 500 exemplaires) connaissent une progression constante, devenant inaccessibles aux collectionneurs modestes. La présence du cachet « Empreinte originale de Picasso » et du tampon « Madoura Plein Feu » garantit l’authenticité et constitue un critère déterminant pour la valorisation.
L’œuvre céramique de Georges Jouve s’impose comme une valeur phare du marché actuel. Ses créations épurées des années 1950-1960, aux formes géométriques et aux émaux profonds, exercent une fascination croissante sur les collectionneurs internationaux. Un simple vase peut désormais atteindre 15 000 à 20 000€ pour les pièces les plus emblématiques, tandis que les sculptures zoomorphes comme ses fameux « oiseaux » ou « taureaux » dépassent régulièrement les 30 000€ en vente publique. La signature « Jouve » accompagnée de l’alpha (α) reste le graal des chineurs, mais attention aux nombreuses contrefaçons qui circulent sur le marché depuis que sa cote a explosé. Cette signature se présente généralement incisée sous la pièce, parfois accompagnée de la mention « France » pour les exemplaires destinés à l’exportation.
COMMENT IDENTIFIER UNE CÉRAMIQUE VALLAURIS AUTHENTIQUE?
Les véritables céramiques de Vallauris de la période dorée (1950-1970) portent généralement une signature incisée ou tamponnée sous la pièce, accompagnée de la mention « Vallauris » ou du tampon de l’atelier. Les productions Accolay, Callis, Capron ou Derval présentent des caractéristiques distinctives dans l’émail et la texture qui permettent leur identification par un œil exercé. Méfiez-vous des pièces non signées attribuées à ces ateliers, dont le nombre a considérablement augmenté avec la hausse des cotes.
Le mouvement Vallauris dans son ensemble connaît une reconnaissance tardive mais massive. Au-delà de Picasso, des céramistes comme Roger Capron, Jean Derval ou Jacques Blin voient leurs créations atteindre des sommets inédits. Les tables basses céramiques de Capron, longtemps sous-évaluées, se négocient désormais entre 3000 et 8000€ selon les modèles et dimensions. Les pièces sculpturales de Derval, aux figures stylisées caractéristiques, ont vu leur cote doubler en cinq ans, un simple vase se vendant facilement entre 1000 et 3000€. Les productions plus confidentielles comme celles de Gilbert Portanier ou Jean Marais bénéficient également de cette dynamique, avec une progression constante des estimations lors des ventes spécialisées.
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Les céramiques scandinaves signées Axel Salto pour Royal Copenhagen continuent leur ascension spectaculaire sur le marché français. Ses vases aux textures organiques inspirées de la nature (séries « budding », « fluted » ou « sprouting ») représentent désormais des investissements majeurs, les plus beaux exemplaires dépassant les 20 000€ en vente publique. Les collectionneurs français, longtemps focalisés sur la production nationale, s’ouvrent davantage aux créations nordiques, incluant également des artistes comme Berndt Friberg ou Wilhelm Kåge dont les pièces connaissent une progression constante. Cette tendance illustre l’internationalisation croissante du marché de la céramique de collection en France.
Le courant des céramistes français indépendants des années 1950-1970 constitue la découverte majeure de ces dernières années. Des artistes comme Jean Austruy, Pol Chambost, Jacques et Dani Ruelland, ou encore les frères Cloutier, autrefois réservés aux connaisseurs, suscitent un engouement spectaculaire. Les lampes des Ruelland, avec leurs formes épurées et leurs émaux vibrants, peuvent désormais atteindre 5000 à 10 000€ la paire. Les vases anthropomorphes de Chambost, aux couleurs vives et aux formes audacieuses, se négocient entre 1500 et 4000€ selon les modèles, soit trois fois leur valeur d’il y a dix ans. Cette tendance reflète un intérêt croissant pour le design français d’après-guerre et ses expressions les plus créatives.
Les grès et faïences régionales: le retour aux sources
Les productions céramiques régionales françaises connaissent un regain d’intérêt majeur, portées par la quête d’authenticité et le retour aux racines qui caractérise notre époque.

Les grès du Berry et de La Borne s’imposent comme les grandes révélations du marché actuel. L’intérêt pour les créations de grands maîtres comme Jean Linard, Elisabeth Joulia ou Vassil Ivanoff a dépassé le cercle des initiés pour toucher un public plus large de collectionneurs et décorateurs. Les pièces sculptées monumentales de Linard peuvent désormais atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros, tandis que les vases et bols plus accessibles d’Ivanoff ou Joulia se négocient entre 800 et 3000€ selon leur taille et qualité. La nouvelle génération de céramistes de La Borne, comme Anne Kjærsgaard ou Machiko Hagiwara, voit également ses créations contemporaines prendre de la valeur dès leur sortie d’atelier, un phénomène rare dans le monde de la céramique où la valeur s’établit généralement avec le temps.
Les faïences de l’Est français connaissent une revalorisation spectaculaire, particulièrement les productions de Lunéville, Saint-Clément et Niderviller. Les séries Art Nouveau et Art Déco de ces manufactures, longtemps dans l’ombre des productions plus prestigieuses, atteignent désormais des prix significatifs. Un simple cache-pot Lunéville-Saint-Clément de la période 1900-1920 peut se vendre entre 200 et 600€ selon le décor et l’état, tandis que les pièces exceptionnelles signées Keller & Guérin des années 1920 dépassent régulièrement les 1000€. Cette tendance s’explique en partie par l’intérêt croissant pour les intérieurs Art Déco et l’esthétique des années folles qui caractérise les tendances déco actuelles.
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Les grès de La Borne des années 1960-1980 ont connu une augmentation moyenne de +85% sur leurs estimations en ventes publiques entre 2000 et 2025
Le grès normand de Noron et les productions du Pré d’Auge émergent comme des valeurs montantes sur le marché de la céramique ancienne. Les pièces du XIXe siècle, avec leurs émaux caractéristiques aux couleurs vives, attirent désormais l’attention des collectionneurs les plus pointus. Une simple jarre à cidre ancienne peut se négocier entre 400 et 800€ selon son état et son ancienneté, tandis que les pièces exceptionnelles comme les fontaines d’applique complètes peuvent dépasser les 2000€. Les productions plus récentes de l’atelier du Mesnil de Bavent, qui perpétue cette tradition, commencent également à s’apprécier sur le marché secondaire, témoignant de l’intérêt pour cette esthétique régionale forte.
Les poteries vernissées du Sud-Ouest, notamment celles de Martincamp, Samadet ou Auvillar, connaissent une reconnaissance tardive mais solide. Leurs émaux aux reflets métalliques et leurs formes traditionnelles séduisent un nouveau public en quête d’authenticité. Une simple terrine ou un plat à cuire ancien peut désormais se vendre entre 150 et 400€ selon sa qualité, son ancienneté et son état de conservation. Les pièces exceptionnelles comme les grands plats décoratifs ou les gargoulettes ornées de la fin du XIXe siècle atteignent des sommes plus conséquentes, entre 500 et 1200€. Ce regain d’intérêt s’explique également par l’engouement pour la cuisine traditionnelle et les ustensiles anciens qui l’accompagnent.
Les terres vernissées de Provence, avec les productions emblématiques d’Aubagne, Vallauris (période pré-Picasso) et Biot, poursuivent leur progression régulière. Les grands plats décoratifs aux motifs traditionnels provençaux peuvent se négocier entre 300 et 800€ pour les plus beaux exemplaires du XIXe siècle, tandis que les jarres à huile et les fontaines de table atteignent des sommets pour les pièces exceptionnelles, dépassant parfois les 2000€. La production du fameux atelier Foucard-Jourdan de Vallauris, active avant l’arrivée de Picasso, fait l’objet d’une redécouverte majeure, avec des pièces Art Déco qui peuvent désormais atteindre plusieurs centaines d’euros alors qu’elles étaient négligées il y a encore quelques années.
Les productions contemporaines: investir dans la céramique actuelle
Le marché de la céramique contemporaine connaît une effervescence sans précédent, brouillant les frontières traditionnelles entre art, artisanat et design.
Les créations de Kristin McKirdy, céramiste américaine installée en France, représentent l’un des investissements les plus sûrs du marché actuel. Ses sculptures aux formes organiques et aux surfaces contrastées entre mat et brillant se négocient désormais entre 5000 et 15000€ pour les pièces moyennes, tandis que les œuvres importantes peuvent dépasser les 30000€ en galerie ou en vente publique. Sa présence régulière dans les grandes foires internationales comme la FIAC ou la Design Miami a contribué à asseoir sa réputation et à stabiliser sa cote à un niveau élevé. Les collectionneurs avisés recherchent particulièrement ses premières pièces des années 1990-2000, plus rares sur le marché secondaire.
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Le travail de Johan Creten, pionnier du renouveau de la céramique dans l’art contemporain, continue sa progression spectaculaire. Ses sculptures monumentales atteignent des prix dignes des plus grands artistes contemporains, dépassant parfois les 100000€ pour les pièces majeures. Ses séries emblématiques comme « The Vaults » ou « Odore di Femmina » font l’objet d’une demande soutenue de la part des collectionneurs internationaux et des institutions. Même ses créations plus modestes comme les « Wargames » ou les petits « Vulvas » se négocient rarement en-dessous de 10000€. Cette valorisation témoigne de l’effacement progressif des frontières entre céramique et sculpture contemporaine, un phénomène qui profite à l’ensemble du secteur.
LES SIGNATURES À SURVEILLER EN 2025
Les céramiques de Bela Silva, Alice Gavalet, Clément Massier (période Art Nouveau), Guidette Carbonell (années 50-60), Matthew Chambers, Takuro Kuwata et Simone Pheulpin représentent les valeurs montantes à suivre de près cette année. Leurs créations, encore accessibles pour certaines, montrent des signes d’appréciation rapide sur le marché secondaire.
L’œuvre céramique d’Ettore Sottsass et du groupe Memphis connaît une redécouverte majeure depuis quelques années, avec une accélération notable en 2025. Ses créations colorées et géométriques des années 1980, longtemps considérées comme trop excentriques, séduisent désormais une nouvelle génération de collectionneurs. Les pièces importantes comme les totems « Shiva » ou les vases « Himalaya » peuvent atteindre 20000 à 40000€ en vente spécialisée, tandis que les productions plus accessibles comme les séries pour Bitossi se négocient entre 2000 et 5000€ selon les modèles. Cette tendance s’inscrit dans un mouvement plus large de réhabilitation de l’esthétique postmoderne des années 1980, qui influence fortement le design contemporain.
Le phénomène des céramistes-designers comme Eric Schmitt, Olivier Gagnère ou Christian Astuguevieille illustre la porosité croissante entre les univers du design et de la céramique d’art. Leurs créations en édition limitée pour des galeries comme Maeght, Kreo ou Perrotin atteignent rapidement des prix élevés, les vases d’Olivier Gagnère pour Bernardaud se négociant entre 1500 et 3000€ peu après leur sortie. Cette tendance se confirme avec l’entrée de jeunes créateurs comme Mathieu Lehanneur ou India Mahdavi dans le domaine de la céramique, leurs pièces bénéficiant immédiatement de leur notoriété dans le monde du design. Le phénomène des collaborations entre céramistes traditionnels et designers contemporains contribue également à dynamiser le marché, comme l’illustre le succès des créations conjointes entre Eric Schmitt et les ateliers de Longwy.
Le mouvement des néo-céramistes japonais exerce une influence croissante sur le marché français. Des artistes comme Takuro Kuwata, Machiko Ogawa ou Akiko Hirai, formés dans la tradition japonaise mais ouverts aux influences occidentales, voient leurs créations fortement valorisées. Un vase de Kuwata peut désormais se négocier entre 5000 et 15000€ selon sa taille et ses caractéristiques, tandis que les bols de thé d’Ogawa atteignent facilement 1000 à 3000€ pièce. Cette appréciation témoigne d’une sensibilité croissante des collectionneurs français à l’esthétique wabi-sabi et aux techniques traditionnelles japonaises réinterprétées dans un langage contemporain. Les galeries parisiennes comme Lefebvre & Fils ou Jousse Entreprise ont largement contribué à cette reconnaissance en organisant des expositions dédiées à ces créateurs.
En gardant à l’esprit les tendances actuelles tout en restant fidèle à vos goûts personnels, vous pourrez constituer un ensemble cohérent qui vous procurera satisfaction sur le long terme, que ce soit pour son appréciation esthétique ou financière.
